Au mois de septembre dernier, les deux mastodontes du luxe, Kering et LVMH, avaient créé la surprise en annonçant la création d’une charte commune, visant à assurer le bien-être des mannequins au cours des shooting. Une initiative qui s’inscrit directement dans la continuité de la « loi mannequin », visant à lutter contre l’extrême maigreur chez les modèles, mais qui vise également à abolir les nombreux abus auxquels doivent faire face les modèles au cours des castings et séances photo.
Élaborée en concertation avec les acteurs de l’industrie de la mode, tels que les agences de mannequins et directeurs de casting, et applicable à toutes les maisons des groupes Kering et LVMH, la charte prévoit notamment la suppression définitive de la taille 32 pour les femmes et 42 pour les hommes, et la présentation d’un certificat médical valide attestant de la bonne santé des mannequins. Par ailleurs, les signataires de la charte s’engagent à ne pas faire travailler de modèles de moins de 16 ans pour représenter des adultes, et à mettre en place un encadrement rigoureux pour les mannequins âgé(e)s de 16 à 18 ans. La nudité et la semi-nudité seront également davantage réglementées.
Vendredi 2 février au Bristol Paris, Erin Doherty, directrice de la rédaction de ELLE et Catherine Roig, directrice de la rédaction de Version Fémina, ont à leur tour signé la charte sur les relations de travail et le bien-être des mannequins, en présence d’Antoine Arnault, membre du conseil d’administration de LVMH, et de Marie-Claire Daveu, directrice du Développement durable et des affaires institutionnelles internationales de Kering.
« Dans une période où les atteintes au corps des femmes sont enfin dénoncées sans tabous, ces engagements indispensables honorent et unissent les métiers de la mode » a déclaré Catherine Roig, tandis que pour Erin Doherty, « il est salutaire que la profession se réveille enfin. Nous transformerons le système si nous œuvrons collectivement ».
Conde Nast met en place un code de conduite
Faisant écho à la charte de Kering et LVMH, et suite aux récentes accusations à l’encontre des photographes Terry Richardson, Bruce Weber et Mario Testino, le groupe de presse Conde Nast a lui aussi mis au point un code de conduite à l’attention des présentes lors des shootings. Celui-ci exige notamment que tous les mannequins soient âgés d’au moins 18 ans, ou accompagnés d’une personne désignée par l’agence en cas d’exception. Par ailleurs toute séance photo incluant « de la nudité, des tenues légères, de la lingerie, des maillots de bain, des animaux, la consommation simulée d’alcool ou de drogue, ou des positions suggestives », doit faire l’objet d’un accord préalable de la part du mannequin. Enfin, un espace privé doit être mis à la disposition des modèles pour se changer et « les sujets ne doivent pas être laissés seuls avec un photographe, maquilleur, ou tout autre participant pendant une séance photo ».
Pour mettre au point son code de conduite, Conde Nast a travaillé avec plus de 150 professionnels de l’industrie, et formé un comité de cadres supérieurs destiné à examiner les plaintes éventuelles.