Dans la lignée des mesures adoptées depuis 2016, le gouvernement poursuit son offensive contre le gaspillage en annonçant l’interdiction prochaine de la destruction de tous les produits non-alimentaires invendus.
Une semaine après la percée d’Europe Écologie Les Verts aux élections européennes, le gouvernement annonce une nouvelle mesure phare en faveur de la lutte contre le gaspillage et en faveur du recyclage. En visite ce mardi dans un magasin CDiscount, le premier ministre Edouard Philippe a fait part de la volonté du gouvernement d’interdire purement et simplement la destruction d’objets non-alimentaires invendus, qu’il s’agisse de vêtements, d’électroménager, de produits d’hygiène ou de cosmétiques. Une « première mondiale », selon les mots du chef du gouvernement, qui entrera en vigueur d’ici fin 2021 pour les produits déjà couverts par une filière à Responsabilité élargie du producteur (REP), comme les textiles et les équipements électriques et électroniques, et au plus tard fin 2023 pour les autres.
Si elle vient compléter la loi anti-gaspillage alimentaire du 16 octobre 2016, la mesure fait partie d’une série d’initiatives qui s’inscrivent dans le cadre d’un projet de loi sur l’économie circulaire préparé par la secrétaire d’État Brune Poirson, et qui sera présenté en Conseil des ministres en juillet.
800 millions d’euros d’invendus détruits
Si pour le moment, les entreprises sont libres de gérer leurs invendus comme elles l’entendent, cette mesure du gouvernement obligera producteurs, importateurs et distributeurs à choisir entre faire don de leurs produits à des associations, les réutiliser ou les recycler sous peine de sanctions. Selon Matignon, ce sont près de 800 millions d’euros de produits invendus qui sont détruits chaque année, soit « cinq fois plus que les dons de ces mêmes produits ».
« On peut trouver un modèle économique viable, faire en sorte que tout ce qui est invendu ne soit pas éliminé mais bien donné, afin de favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire, (ou) transformé en pièces détachées, de façon à pouvoir recomposer des objets et accroître leur durée de vie. Nous pouvons éviter la destruction d’objets, de produits en parfait état de marche et ce gaspillage scandaleux », a déclaré Edouard Philippe.
Au mois de janvier dernier, l’émission Capital diffusée sur M6 avait mis en lumière les pratiques du géant Amazon, détruisant à lui seul plus de 3 millions de produits neufs chaque année. L’an dernier, c’est la marque de luxe britannique Burberry qui avait créé la polémique, en indiquant dans l’un de ses rapports annuels avoir détruit près de 31 millions d’euros de vêtements et cosmétiques en 2017.
Des aménagements pour le luxe
Si le gouvernement affiche un objectif de zéro produit détruit d’ici fin 2023, des aménagements pourront être faits pour l’industrie du luxe, afin d’éviter que les produits invendus ne se retrouvent à prix bradés sur les marchés parallèles. Mais les produits neufs devront toutefois nécessairement être reçyclés ou ré-employés. Certains cosmétiques pourront également faire l’objet de dérogations, en raison de leur date de péremption. Selon les chiffres diffusés par le gouvernement, la destruction de vêtements neufs en France représenterait près de 49 millions d’euros, 180 millions pour les produits d’hygiène et les cosmétiques.