Rachetée en 2015 par le groupe coréen Shinsegae, la maison Paul Poiret fera son grand retour sur le devant de la scène au mois de mars prochain, à l’occasion de la fashion week parisienne.
Le 4 mars, l’historique maison de couture Paul Poiret renaîtra de ses cendres sur les catwalks parisiens. Un évènement d’envergure pour les férus d’histoire de mode et de patrimoine culturel, puisque la maison est de celles qui ont profondément révolutionné le vestiaire féminin. Couturier autodidacte et visionnaire, c’est en 1903 que Paul Poiret fonde la maison de couture éponyme, après un passage au sein des ateliers de Jacques Doucet et Charles Frédéric Worth. En 1906, il est l’un des premiers à libérer le corps féminin en le délivrant du corset. Les baleines et les tailles entravées laissent place aux robes aux coupes simples et ajustées, élaborées dans des tissus fluides, ouvrant la voie à de nombreuses révolutions dans le domaine de l’habillement féminin. Figure emblématique de la Belle Epoque, Paul Poiret habille alors tout le gotha parisien, qui l’encense aussi bien pour ses créations avant-gardistes (il est notamment l’inventeur de la jupe-culotte), que pour les fêtes mémorables qu’il donne au sein de son hôtel particulier de l’avenue d’Antin, puis du pavillon du Butard à La Celle-Saint-Cloud.
En 1910, alors que les Ballets Russes et les costumes de Léon Bakst émerveillent le Tout-Paris, Paul Poiret libère sa fascination pour l’esthétique orientaliste. Il recrée le pantalon de harem, rehausse ses collections d’étoffes chatoyantes, de broderies, de perles, de plumes et de turbans. Après la Première Guerre mondiale, l’engouement pour les créations de Paul Poiret commence à décliner, au profit d’une mode épurée et plus fonctionnelle, dans une époque marquée par le rationnement des tissus et la volonté des femmes de s’émanciper. Malgré le grand succès rencontré par le couturier lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, la crise économique de 1929 aura finalement raison de Paul Poiret, qui mettra un terme à ses activités.
Retour sur les podiums
Près de 90 ans plus tard, la mythique maison de couture s’apprête à reprendre vie, sous l’impulsion du groupe de luxe sud-coréen Shinsegae International, qui l’avait rachetée en 2015. Une renaissance orchestrée sous la direction générale d’Anne Chapelle, businesswoman belge à l’origine de l’ascension de Ann Demeulemeester et Haider Ackermann. Quant à la direction artistique, elle a été confiée à la créatrice Yiqing Yin, lauréate du second Prix de l’ANDAM en 2011 et directrice artistique de la maison éponyme, labellisée Haute Couture depuis 2015. Interrogée sur sa vision du style et de l’héritage de Paul Poiret, la créatrice française d’origine chinoise a indiqué vouloir « faire de Poiret une maison narratrice de rencontres et d’émotions, le territoire d’un nouveau luxe contemporain placé sous le signe du dialogue avec son époque » et « prolonger le geste de Paul Poiret qui, au début du XXe siècle, libérait le corps et l’esprit des femmes ». Sa première collection pour la maison sera présentée au mois de mars à Paris, lors de la Fashion Week automne-hiver 2018-2019.