Si la question du poids et de l’âge des mannequins a toujours été sujette à polémique, les deux géants du luxe Kering et LVMH ont créé la surprise en annonçant mercredi 6 septembre, l’adoption d’une charte commune, visant à assurer le bien-être des mannequins avec lesquels travaillent leurs maisons respectives. Une initiative qui s’inscrit dans la continuité de la « loi mannequin », entrée en application au mois de mai dernier et visant à lutter contre l’extrême maigreur des modèles.
L’âge et le poids des mannequins contrôlés
La charte, qui sera applicable partout dans le monde, prévoit notamment la suppression pure et simple de la taille 32 pour les femmes et 42 pour les hommes des demandes de casting de la part des maisons des deux groupes. Celles-ci devront donc désormais exclusivement travailler avec des modèles faisant (au minimum) une taille 34, 44 pour les hommes. En outre, comme l’exige la « loi mannequin », les modèles devront fournir un certificat médical valide attestant de leur bonne santé et de leur capacité à travailler, obtenu dans les six mois précédant la séance photo ou le défilé. Les marques auront également le devoir de mettre à disposition des mannequins qui en auraient fait la demande, un psychologue/psychothérapeute dédié.
D’autre part, les deux groupes se sont engagés à ne recruter aucun mannequin de moins de 16 ans « pour participer à des défilés ou à des séances photos représentant des adultes ». Quant aux modèles âgés de 16 à 18 ans, ils/elles ne seront pas autorisés à travailler après 22 h et avant 6 h, comme le prévoit la loi française, et devront être accompagné(e)s d’un chaperon ou d’un tuteur sur leurs lieux de travail, qui sera logé au même endroit. Les marques auront également le devoir de s’assurer que les modèles mineurs remplissent bien leurs obligations scolaires.
La nudité également sera réglementée : « La nudité ou la semi-nudité pour les modèles de moins de 18 ans n’est autorisée qu’avec l’accord explicite du modèle et de son représentant légal » avertit la charte. Quant aux mannequins plus âgés, ils/elles devront avoir « explicitement accepté » les situations de nudité ou de semi-nudité. Tous les moyens devront être mis en oeuvre afin d’assurer et préserver le confort, l’intimité et la santé des modèles.
« Le respect de la dignité de toutes les femmes a toujours constitué pour moi à la fois un engagement personnel et une priorité pour Kering en tant que groupe, déclare dans un communiqué François-Henri Pinault, Président-directeur général de Kering. Nous espérons être une source d’inspiration pour l’ensemble du secteur, pour provoquer un vrai changement dans les conditions de travail des mannequins dans la mode ».
« En tant que groupe leader dans le domaine du luxe, nous estimons qu’il est de notre devoir d’être en première ligne sur cette initiative. Nous avons la responsabilité d’établir de nouveaux standards dans la mode, et nous espérons être suivis en cela par d’autres acteurs de notre secteur », a souligné Antoine Arnault, membre du conseil d’administration de LVMH, directeur général de Berluti, et président de Loro Piana.
Mettre un terme aux abus
Au mois de février dernier, le directeur de casting américain James Scully avait lancé la polémique en dénonçant les méthodes d’agences concurrentes, qui dans le cadre de la fashion week parisienne, avaient fait attendre plusieurs heures les mannequins dans un escalier, dans le noir absolu. Face aux abus répétés auxquels doivent faire face les mannequins, la charte mise au point par Kering et LVMH encadre également les relations avec les marques et agences de mannequins. Ainsi, les modèles devront désormais avoir la possibilité de signaler à tout moment un différend avec une agence de mannequins, un directeur de casting ou un employé de la marque, par exemple via une hotline. En outre, les deux groupes et leurs marques se réservent le droit d’effectuer des contrôles et audits de manière inopinée, afin de veiller au respect des règles de la charte.